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suites de films - Page 2

  • Star Trek : Nemesis (2002)

    Un film de Stuart Baird

    "Les Son'a, les Borgs, les Romuliens...
    Vous semblez décrocher toutes les missions faciles !"

    Un membre de Starfleet s'adressant au commandant Picard
     

    8260386341_b53958eaac_m.jpgL'aventure cinématographique Star Trek avait de bonnes raisons de s'arrêter au numéro 9, Insurrection, tant les personnages principaux y trouvaient un accomplissement quasi-définitf : Riker et Troi finissent ensemble, même Picard semble avoir trouvé son âme jumelle, et, même si c'est loin d'être le Trek le plus réussi, il est tout à fait honorable, à la hauteur des idées portées par Gene Roddenberry, le créateur de la mythologie. C'était sans compter la Paramount qui, fière de sa franchise, revient à l'assaut par l'intermédiaire du producteur Rick Berman. De plus, l'équipe de Next Generation est tellement liée que tous les participants des films précédents rempilent avec plaisir. Nemesis est-t-il pour autant un film de vacances ?

    Film de détente, c'est en tous cas ce dont a l'air Nemesis à l'ouverture : la scène du mariage sent bon les retrouvailles, et les blagues potaches sont légions mais ratées : ainsi, la gueule de bois de Worf loupe complètement le coche, l'acteur Michael Dorn n'étant pas formidable dans la séquence (Stuart Baird ne voulait pas de cette scène, le producteur Berman a pesé de tout son poids pour la conserver : les deux hommes batailleront gentiment pendant tout le film). Le sérieux reviendra vite, dans une intrigue dominée par la figure du miroir. 

    L'androïde Data va trouver son double, Proto (B4 en version originale), une version moins évoluée du même modèle, auquel il va transmettre son expérience (ses "data"). Dans un second temps, le commandant Picard est mis nez-à-nez avec le prêteur Shinzon (Tom Hardy à ses débuts), chef des Rémiens et accessoirement clone de Picard (en plus jeune), du temps où certains voulaient court-circuiter la Fédération en y infiltrant un des leurs. Chacun étant le reflet de l'autre, les individus se questionnent sur le sens de leur vie, celle qu'ils ont choisie ou subie. Cette partie du film, fort peu spectaculaire, est véritablement intéressante ; mais elle est coincée au milieu d'une foultitude d'autres enjeux qui parasitent la narration. A l'origine encore plus ambitieux, le film aurait du totaliser 2h40, si l'on en croit les nombreuses scènes coupées présentées en bonus sur le blu-ray. En coupant des bouts de scènes, raccourcissant deci-delà, égalisant ou tranchant, les décideurs ont un peu sabordé Nemesis, qui avait les bases d'un bon Trek.

    Rattacher les deux face-à-face Data/B4 et Picard/Shinzon n'était pas la meilleure des idées, tant on capte difficilement le lien entre cette histoire du cheval de Troie galactique (Data/B4) et l'offensive voulue par Shinzon. Ajouter là-dessus la découverte d'une menace chimique contrôlée par Shinzon, et l'image est complète.

    Tom Hardy, pour son premier rôle important au cinéma, essaime une ambiguité palpable, similaire à celle qui avait fait les beaux jours de Premier Contact avec la Reine Borg. Si sa ressemblance avec Patrick Stewart n'est pas évidente, il arrive tout de même à faire passer une similarité de regard qui aurait basculé du côté obscur.

    Les effets spéciaux, passage obligé d'un bon film de SF, sont omniprésents autant que réussis : jamais l'Enterprise n'aura autant brillée. Stuart Baird, plutôt habitué aux films d'actions et au montage (rien moins que sur Superman, le film, La malédiction, Ladyhawke, ou dernièrement Casino Royale et Skyfall), signe un film passable, réussit les séquences qu'il faut (la première rencontre entre Picard et Shinzon, la collision de l'Enterprise avec la vaisseau des Rémiens) mais passe à côté d'un très bon film : dommage.

  • Skyfall (2012)

    Un film de Sam Mendes

    "Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes"


    8145973633_fd1f3cc9dd_m.jpgLe James Bond de l'an 2012 est différent. Après la paire Casino Royale / Quantum of Solace, de nouvelles aventures attendent l'agent secret le plus connu de la planète. Trop influencé par le style heurté de Jason Bourne dans l'opus précédent, la franchise revient plus posée, plus torturée (comme le veut la mode des séries aujourd'hui), plus profonde aussi. Ancienne recette, nouveau goût. Mais il ne s'agit pas de n'importe quelle saga : James Bond reste James Bond.

    Les films James Bond ont rapidement créé un ensemble d'aspects indissociables de la mythologie, balisant le cours de leur intrigue avec un certain nombre de passages obligés : la séquence pré-générique, qui montre la fin d'une mission réussie, le plus souvent sans rapport avec le reste du métrage ; le générique, véritable film dans le film, immortalisé par les trucages optiques de Maurice Binder, dont les héritiers suivent aujourd'hui les pas. Viennent ensuite l'entrée en scène des James Bond Girls, de la nemesis en titre, la présentation des gadgets par Q, l'arrivée du fameux "Bond ; James Bond", présentation héritée du tout premier film, Dr. No (Terence Young, 1962).

    Cinquante ans plus tard, tout est encore là, ou presque. Les films, tout en s'inscrivant clairement dans la tradition bondienne, posent également un regard post-moderne sur ces passages obligés. Si certains sont dans la droite ligne des précédents, d'autres s'en démarquent allègrement. Pour les premiers, notons dans Skyfall la séquence pré-générique, qui se conclue par la mort supposée de Bond, que vient confirmer la note nécrologique rédigée par M en personne. Ces images rappellent tout à la fois celles de Bons baisers de Russie (Terence Young, 1963), où un tueur s'entraîne sur un faux James Bond, ou encore d'On ne vit que deux fois (Lewis Gilbert, 1967), et son enterrement maritime en bonne et due forme pour l'agent préféré de sa Majesté. Mais elles s'inscrivent elles-mêmes dans la tradition des serials, dont chaque scène se clôturait par un cliffhanger, misant tout sur le suspense. Le générique de Skyfall ne déroge pas non plus à la règle, sublime, cauchemar de mort épaulé par la voix suave de la chanteuse Adele.

    La rupture viendra d'abord dès la fin du générique, où James Bond est amoché, presque vieilli par une barbe de trois jours qu'il garde un moment. L'élégance britannique n'est plus ce qu'elle était, mais James reste cool et est toujours amateur de top-models. Pour l'intronisation du nouveau Q ("Q" désignant désormais un corps de spécialistes en espionnage informatiques, et accessoirement en gadgets), on passe du côté réinvention. Grâce à l'excellent Ben Wishaw, la rencontre entre Bond et Q brille d'un force de comédie toute en retenue, faite de petites piques gentilles ; puis pour la présentation des gadgets proprement dits, on sert à nouveau (comme c'est le cas depuis le redémarrage de la franchise avec Daniel Craig et Casino Royale) la carte du minimalisme, Bond utilisant une radio portative -minimalisme rappelé avec ironie par les deux camps à deux reprises.

    Oscillant constamment entre modernité et tradition, le film fait également le grand écart entre blockbuster et film d'auteur ; entre l'art et le commerce, les limites ne sont plus juste brouillées : elles n'existent plus. Sam Mendes, réalisateur reconnu au cinéma, metteur en scène également au théâtre, ose des séquences qui n'auraient pas trouvé leur place dans un Bond il y a dix ans ; notamment la première apparition de Silva (Javier Bardem), qui suit en un long plan fixe la première confrontation entre Bond et son ennemi. Là où d'autres auraient entrecoupé la scène d'inserts sur les mains du personnage, pour accentuer sa gestuallle particulière, ou sur ses pas, afin de dynamiser l'ensemble, on reste ici témoin sur la durée de la folie du personnage. Un personnage dont les tics névrotiques rappellent ceux du Joker dans The Dark Knight ; assurément une référence pour le James Bond nouveau genre. L'autre séquence qui plane au-dessus du reste du film est le passage à Shanghaï où, sous des néons à la dominante bleutée, Bond observe et rampe telle une ombre, se confondant constamment avec le décor, donnant un côté à la fois technoïde et planant à cette aventure. 

    Les personnages ainsi que certaines scènes exotiques sont mémorables ; Mendes semble ne pas vouloir reproduire les erreurs de Quantum of Solace, en posant davantage sa caméra, et en développant un arc narratif étonnant dans le troisième tiers du film, mettant au centre le personnage de M, puis donnant quelques informations sur le passé de Bond. Cependant, pour autant que le choix soit osé, il n'est pas payant (pas en tous cas, à hauteur de l'enjeu) ; le film bifurque en effet dans sa dernière partie, enfermant les personnages et leurs destinées dans un petit coin de campagne perdue, où se déroulera certes un sauvage affrontement. Cette bifurcation est un retour au passé, comme Bond le fait bien comprendre à M en empruntant une Aston Martin, clone de celle de Sean Connery dans Goldfinger.

    Les James Bond Girls sont malheureusement peu exploitées, peu présentes, nouant une relation des plus basiques avec Bond ; ainsi, si l'on a gardé en mémoire l’extraordinaire changement qu'a incarné Vesper (Eva Green) dans Casino Royale, on retrouve là un canevas bien connu, commun à beaucoup de films de la franchise. La belle fille est là, qui n'attend que son tour pour succomber à l'étreinte dépassionné d'un Bond en pleine mission. L'humour a par contre disparu de ces scènes, pourtant coutumier à l'ère Roger Moore, et même Connery. Entre tradition et modernité, toujours.

    Là où l'on attendait vraiment pas Skyfall, c'est donc dans son dernier mouvement, très low profile (on ne se croit plus du tout dans un Bond, mais un film de vengeance lambda) ; et là, surprise du chef que personne n'avait vu venir : une fin savoureuse (que je vous laisse découvrir) en forme d'hommage au début de la saga, avec des clins d’œil extrêmement appuyés au décorum, aux personnages et à l'ambiance qui a fait toute la réussite de cette collection de films  depuis cinquante ans. Donc, Bond a changé... pour redevenir exactement celui qu'il a toujours été. En ce sens, et malgré la qualité fluctuante de ce Skyfall un brin dépressif, il incarne une des icônes les plus éclatantes du septième art.

  • Prometheus (2012)

    Un film de Ridley Scott

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    Le nouveau film du réalisateur de Blade Runner était attendu, c'est peu de le dire. De retour à la SF et à l'univers qu'il a contribué à créer, Ridley Scott a attisé bien des curiosités sur ce prequel d'Alien qui n'en est plus vraiment un. Si le projet démarre en effet pour donner ses origines à la mythologie des Alien, une simple décision amènera des changements fondamentaux dans la production du film. 

    Dans le premier Alien (1979), des astronautes explorent une épave de vaisseau spatial et découvrent, au centre d'une immense salle ornée des décorations morbides et fascinantes de H.R. Giger, une gigantesque forme extra-terrestre à la tête d'éléphant, comme fossilisée dans son fauteuil d'observation. Il donne à la séquence une allure dantesque et marque durablement les esprits, d'autant plus qu'on n'en entendra plus parler par la suite. Cette seule scène, qui faillit d'ailleurs ne pas figurer dans le film au regard de son coût exorbitant (500 000 dollars rien que pour le décor), tient en germe l'idée d'une préquelle, explorant l'identité de ce mystérieux alien. Cette mystérieuse tête d'éléphant n'est pas la forme physique de l'extra-terrestre, mais plutôt une combinaison spatiale, un exosquelette qui renferme un être à forme humanoïde ! De cette idée, découle le virage thématique du film, qui, plutôt que de s'inscrire dans la lignée des Alien, explore cette nouvelle race, dont des chercheurs vont retrouver la trace et qu'ils nomment Ingénieurs. 

    Prometheus élargit dès lors la portée des Aliens précédents, en connectant les Ingénieurs à la race humaine et à la Terre, dès la fabuleuse séquence d'ouverture. Une caméra planante cadre des paysages vierges et majestueux, soudain surplombés par l'ombre d'un vaisseau spatial. La caméra Red Epic 5K fait des merveille et produit une image ultra-détaillée, agrémentée d'une très belle richesse de teintes. On y découvre un des Ingénieurs qui va, par son sacrifice, créer la vie sur Terre. Rien de moins ! Certes, cette vision des choses est un grand classique de la SF, mais il est amené avec une telle grâce que ce début nous fait tout de suite embrasser une mythologie complexe, somptueusement agrémentée de la mélodie composée par Marc Streitenfeld, tenant là un prolongement cohérent à celle de Jerry Goldmith dans le film original. 

    Si la première heure est très réussie, emmenant une équipe de scientifique à la découverte de nos origines, l'arrivée sur la planète laisse la place à beaucoup d'actions qui mettent à mal le rythme mesuré des séquences précédentes. Les personnages sont globalement détestables ou nous laissent indifférents (tel ce scientifique qui après passé deux ans de sommeil en cryogénie, en envoie balader un autre sous prétexte qu'il est venu uniquement pour gagner de l'argent) ; les dialogues, rares, sont vraiment basiques et nous ramènent aux actioners bourrins des années 80. 

    En voulant faire trop de mystères, Scott et ses scénaristes (dont Damon Lindelof, venu de la série Lost, également très généreuse en énigmes) ont tendance à frustrer le spectateur, notamment lors d'une rencontre avec l'Ingénieur qui n'apporte aucune explication. Les scènes coupes visibles en vidéo voient se desiner un autre film, plus fouillée sur la psychologie des personnages (une belle scène entre le capitaine du vaisseau Prometheus et Vickers, femme autoritaire qui dirige d'une main de fer l'expédition, ou une autre en Vickers et Peter Weyland, l'industriel qui a financé la mission) et sur les explications de textes (la fameuse rencontre avec l'Ingénieur est allongée, la scène finale est aussi bien plus explicite sur al destination de la scientifique Shaw) ; le mystère est un vrai choix de Scott, et l'on est en droit de préférer cette version, certes fantasmées, plus longue, qui aurait donné davantage de clés au spectateur.

    Soyons clairs : les défauts objectifs énoncés ci-dessus n'anéantissent pas l'intérêt suscité par le film : ce n'est juste pas un film parfait, et au lieu d'un potentiel très grand film, Prometheus reste en l'état un grand film de science-fiction, comme on n'en a rarement vu dans les années 2000. C'est dire si la suite prévue, pour l'instant titrée Paradise (ironiquement un des titres prévu à l'origine pour Prometheus), toujours réalisée par Ridley Scott, suscite une fois encore toutes les attentes... en espérant que les réponses soient à la hauteur !

  • Star Trek : Insurrection (1998)

    Un film de Jonathan Frakes


    8047784358_cc5e47bae6_m.jpgGalvanisé par la réussite artistique et commerciale de Premier contact, Rick Berman propose à Jonathan Frakes de réaliser un nouveau Star Trek, qui porte à neuf les adaptations cinématographiques des séries TOS et TNG.  Dans celui-ci, la Fédération colonise de nouveaux espaces, implantant des populations sur de nouvelles planètes, et découvre le secret d'un petit groupe, les Ba'ku : leur planète leur permet de rester jeunes à tout jamais. Afin de pouvoir exploiter cette fontaine de jouvence, ils doivent être déportés afin d'en faire profiter le plus grand nombre. Leurs ennemis jurés, les Son'a, sont à la manœuvre, avec l'appui de la Fédération qu'ils maintiennent dans l'ignorance de leur motivation réelle. Les So'na ont également une longévité importante, mais uniquement grâce à de fréquentes interventions chirurgicales -qui rappellent la torture de Ida Lowry dans Brazil (Terry Gilliam, 1985). La recherche de la mystérieuse alchimie produite sur la terre des Ba'ku les rapproche du personnage de Soran dans Star Trek : Générations, lui aussi obsédé par la quête de l'immortalité.

    Comme souvent, Trek se veut une parabole sur le monde contemporain : ainsi, Terre Inconnue faisait explicitement référence à la catastrophe de Tchernobyl. Ici, la stratégie de génocide voulue par les Son'a rappelle les heures douloureuses de la tragédie du Rwanda en 1994, lorsque le gouvernement rwandais, composé de Hutus, décida de réduire à néant la population Tutsis. La consonnance même des noms des peuples dans Insurrection ne laisse pas de doute sur la transposition des événements. Dans la fiction, le commandant Picard n'hésite pas à défier l'autorité : ainsi, lui et son équipage iront protéger la population Ba'ku contre les directives de la Fédération, en signe de véritable rébellion, pour participer à l'Insurrection du titre. Il faut dire que l'équipage a eu la chance de découvrir la qualité de vie des Ba'ku, qui ne souffre d'aucune contre-partie dérangeante, comme c'est souvent le cas dans les mythologies de science-fiction. Effectivement, la découverte du lieu de vie des Ba'ku peut faire penser dans un premier temps à Justice, épisode issu de la saison 1 de Star Trek : The Next Generation ; la découverte d'un véritable jardin d'éden -à l'allure assez torride pour une production tv de l'époque- où la valeur ultime est le plaisir cache en réalité un pénible secret : des mises à mort régulières décidées pour protéger leur environnement. Un bien bel environnement figuré par le cadre idyllique du lac Convict, dans le Sierra Nevada, qui inonde l'écran de son bleu azuré : une certaine idée du paradis.

    Si la terre des Ba'ku est un reflet du Paradis chrétien, Picard se pose en Sauveur et guide le peuple à la façon de l'exode biblique. Un récit fort en symbole donc, qui ne s'empêche pas pour autant des notes d'humour à répétitions. Et, si certaines sont réussies (la tresse de cérémonie de Picard au début, ou l'esquisse d'un pas de mambo par le même Picard, rajeuni par la force régénératrice de la planète-, d'autres tirent en longueur, à l'image d'une chanson poussée par Data, ou ses enfantillages sur la planète Ba'ku.

    Si la thématique est claire et louable, sa mise en forme pêche un peu dans cet opus : des détours scénaristiques sont tirés par les cheveux (le So'na se rallie un peu vite à la cause défendue par Picard, et la façon d'arrêter le méchant Ru'afo - F. Murray Abraham - s’embarrasse de trop de prétextes techniques, le fameux "tech talk" dénoncé par Ronald D. Moore dans les commentaires audio de Générations et Premier Contact). Pour autant, il restera deux excellentes utilisations d'artefacts science-fictionnelle dans ce film : l'un, le Holodeck, qui permet de créer un environnement virtuel à bord de l'Enterprise, apporte un excellent coup de théâtre dans le dernier acte, bien mieux senti ici que dans le pourtant excellent Premier contact. Dans une moindre mesure, le concept des pistolets télétransporteurs, qui met à mal l'échappatoire des Ba'ku, est aussi une trouvaille qui renouvelle l'imaginaire de la saga. Les effets spéciaux sont par ailleurs omniprésents dans le film, Insurrection étant le premier Star Trek à n'utiliser que des effets intégralement en images de synthèse. Elles proviennent en partie du studio Blue Sky, connu aujourd'hui pour ses films d'animation, comme L'âge de glace (Chris Wedge & Carlos Saldanha, 2002).

    Finalement, Insurrection n'est pas un si mauvais Star Trek, mais pâtit d'un manque de cohérence générale, réactivant la malédiction des chiffres impairs dans la saga, les opus 3, 5 et 7 étant les plus faibles -mais avantage inégalable au V : l'Ultime frontière, nanar effectivement ultime issue de la mythologie Star Trek.

  • Batman & Robin (1997)

    Un film de Joel Schumacher

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    Le premier Batman, à grand renfort de publicité et de merchandising, avait donné au studio un été 1989 enchanteur ; il fallait que cela continue. Après que le pourtant sublime Batman Returns de Tim Burton a fortement déplu au studio Warner, les producteurs ne veulent ni continuer dans la voie sombre, poétique et ambiguë tracée par le réalisateur californien, ni renoncer à leur juteuse franchise. Joel Schumacher entre alors en scène pour réaliser l'exact opposé de la version burtonnienne du chevalier noir. A l'atmosphère sombre et aux intrigues glauques, issues d'abord du film noir (Batman, 1989) puis du fantastique gothique (Batman, le défi, 1992), Schumacher répond par un cadre constamment éclairé et coloré de la plus outrancière des façons : Gotham n'est que néons, les personnages se font plus caricaturaux et les ressorts comiques reviennent en force, voulant rappeler la série loufoque des 60's. Ce qui commence avec Batman Forever évolue jusqu'à l'extrême dans le quatrième volet, Batman et Robin, qui s'enterre dans une dégénérescence de la punchline.

    La punchline est une phrase utilisée pour son impact immédiat et mémorable. Elle dénote souvent une dose d'humour et synthétise en peu de mots une position bien tranchée. Elle se généralise dans les buddy-movies des années 80 (la décennie de L'Arme fatale), même si on peut noter plus tôt son explosion remarquée dans le Dirty Harry (1971) de Don Siegel, lorsque Harry nous balance un "Go ahead, make my day !", ou encore la tirade qui se conclue par un cinglant "Do you feel lucky, punk ?".

    Avec le Batman de Schumacher, la punchline se généralise, jusqu'à vampiriser la quasi-totalité des dialogues, aux doubles-sens parfois sympathiques. Batman Forever et ses face-à-face Batman / Chase Meridian sont éloquents : "Le Bat-signal n'est pas un beeper", "Essayez un pompier, ça se déshabille plus vite", voilà qui permet d'apprécier le niveau stratosphérique du troisième opus. Mais c'est sans compter la récidive du quatrième, où la systématisation du procédé aboutit à un anéantissement pur et simple de toute dramaturgie. Il ne s'agit plus de dialogues, mais de phrases quasiment dénuées de progression narrative, balancées au gré du vent. Schumacher est dès lors très fort : d'une richesse apparente (exploitation d'un des super-héros les plus cinégéniques, le plus important budget de la franchise jusqu'alors, 125 millions de dollars, plusieurs personnages au potentiel intéressant), le film est finalement d'une rare pauvreté. "Salut Freeze, je suis Batman", "Freezy, je suis en chaleur", bref, on assiste à une enfilade de jeux de mot ridicules (et parfois incompréhensibles) sans aucun impact. Pis, la mise en scène programmatique de Schumacher fait se répéter des séquences déjà pas folichonnes à leur première occurrence : l'habillage des héros (allusions gays appuyées qui ont valu au film sa réputation), les cadrages obliques zoomés option "migraine oblige", moult champs/contre-champs d'une platitude consternante, d'autres plans généraux virevoltant dans un océan fluorescent... Certes, tout cela est voulu ; mais il n'en ressort qu'une bêtise bien plus grande que le pastiche léger que semble vouloir mettre en place Schumacher.

    Le production design (décors et costumes) est totalement délirant, soit ; mais il est aussi d'un rare mauvais goût. Les costumes des héros ont des tétons moulés, Bane n'est qu'une marionnette déguisée en baudruche géante... Du coup, la demeure de Bruce Wayne / Batman, assez classique, ne paraît pas appartenir au même monde (de plus, le manoir est à chaque fois montré de jour, alors que le centre de Gotham est constamment plongé dans la nuit... dont les jeux de lumière font terriblement penser à un boîte de nuit). Les vêtements de Bruce Wayne sont hors-sujet, tellement il a l'air de se promener en peignoir pendant tout le film ; son masque de Batman n'est même pas taillé correctement ! La plus grosse erreur, cependant, est d'avoir confié le rôle-titre à un George Clooney qui s'en balance ostensiblement : tête basse, mains continuellement jointes dans le dos, on dirait un gardien de nuit qui fait sa tournée. La façon théâtrale avec laquelle il débite ses lignes se voudrait sans doute drôle ; les doubleurs français l'ont d'ailleurs compris, donnant au film entier des allures de parodie.

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    Bonjour, je m'appelle Batman, mais de toute évidence 
    ce masque a été fait pour quelqu'un d'autre !

    Pour peu qu'il soit question de scénario dans Batman et Robin, celui qui nous est servi est complètement étranger à la mythologie créée par Bob Kane, Bill Finger et DC Comics au fil des années : ainsi Bruce Wayne et Dick Grayson passent leur temps à se disputer les faveurs d'une Poison Ivy qui les a envoûtés. D'une, Batman, qu'on surnomme parfois le Détective, prend bien trop de temps à s'apercevoir de l'entourloupe ; ensuite, les origines de Bane sont totalement remaniées, anéantissant son danger potentiel ; et que dire de l'introduction de Barbara Wilson / Batgirl (qui n'est plus la nièce du Commissaire Gordon), nursant un Alfred aux portes du trépas ? Le film n'aura finalement servi qu'à Uma Thurman, qui recycle son personnage de Poison Ivy dans les publicités d'une marque de soda bien connue... 

    Atteignant dès son entrée les sommets du n'importe quoi (une sorte de gala Holiday on ice en plastoc), Batman et Robin est tombé au plus bas. Rater un personnage de façon aussi définitive restera, finalement, le grand exploit de Schumacher sur la franchise. C'est simple : personne n'y est arrivé mieux que lui, sur toutes les déclinaisons du super-héros, que ce soit à l'échelle cinématographique, télévisée, animée : une certaine forme d'achèvement, en fait.

    Source images : blu-ray Warner Bros.